„ La réconciliation, c’est le partage équitable de la confiance. “
- Jean Hatzfeld -
Tout d’abord, cette recrudescence de situations conflictuelles fait les choux gras de nombreux avocats, notamment stagiaires, qui ont ainsi du pain sur la planche. Dans ce contexte de compétition entre représentants de la justice (puisque votre adversaire en a aussi un), il devient essentiel de trouver la perle rare, un peu plus malin ou retors que les autres, susceptible de vous tirer d’affaire. Cette tendance à la dispute s’oppose naturellement à la recherche de solutions équitables, où chacun est susceptible de sortir la tête haute.
Ensuite, lorsque la partie adverse se sent flouée par la décision du tribunal, ce qui est généralement le cas dans un contexte très polarisé, rien ne l’empêche de passer à la vitesse supérieure, en durcissant encore plus le ton et en sortant l’artillerie lourde.
À ce stade, s’il y avait de fortes probabilités qu’un accord à l’amiable existait précédemment, il ne faut plus compter dessus. Bien sûr, ce sont les enfants qui trinquent les premiers, dans l’indifférence générale des parents et des intervenants externes qui, c’est bien connu, ne font que leur travail.
Les experts vous répondront que les couples se divorcent en raison de leur mésentente et que cette situation est tout à fait normale. Toutefois, le divorce peut également représenter un défi positif, en ce sens que la prise de conscience des intérêts supérieurs des enfants conduit de nombreux parents à faire preuve de réserve et d’humilité, afin de chercher des arrangements réciproques satisfaisants.
Les avocats se lavent les mains. Ils ne sont que des auxiliaires de justice au service de leurs clients, supposés être des adultes responsables. Ce sont eux qui en dernier ressort donnent leur aval. Les avocats ont la conscience tranquille, bien qu’ils aient attisé, parfois savamment, la discorde entre les personnes concernées.
Par ailleurs, dans tout conflit, il y a forcément des victimes collatérales. Bien que cela soit gênant, il vaut mieux fermer les yeux et aller de l’avant. C’est d’ailleurs ce que font, sans aucun remords, les avocats lorsque leurs clients ont épuisé tous les recours ou toutes leurs ressources financières. Ils continuent avec ceux qui ne sont qu’au début du processus, en leur promettant monts et merveilles, tout en se déchargeant de toute responsabilité future en cas de grabuge.
Pourtant, l’escalade procédurière, en plus de compromettre tout arrangement qui aurait pu survenir à moindres frais à travers une médiation, contient une autre conséquence insoupçonnée, qui est celle de desservir systématiquement les intérêts des personnes intègres, dans la mesure où tous les cas sérieux finissent par se diluer dans un océan de non-sens, profitant généralement aux personnes mal intentionnées. C’est-à-dire les personnes qui ont tout intérêt à pourrir la situation afin de ne pas assumer la responsabilité de leurs actes. Lorsque l’on a affaire à une telle personne, le meilleur moyen de la neutraliser est d'éviter de se faire enfermer dans sa logique et de montrer, au contraire, sa volonté de négocier pacifiquement dans le but d'obtenir des solutions acceptables.
La stratégie n’est donc pas de répondre à l’attaque, en contrattaquant, ou aux provocations, en manifestant son indignation. Au contraire, il ne faut pas se départir d'un calme olympien et se focaliser sur l’objectif final d’un arrangement équitable.
Cela implique obligatoirement de chercher à comprendre la position de son ex-conjoint, même s’il est parfois très difficile d’accepter ce qui se déroule. Il faut essayer de susciter en cette personne, que l’on a peut-être le droit de ne plus supporter, ce qui est justement le moins détestable en elle. C’est-à-dire une probabilité d’arrangement qui existe, puisqu’historiquement, cette même personne nous a conduit à entretenir des rapports intimes avec elle, desquels sont nés un ou plusieurs enfants.
Tout n’est pas à jeter de cette personne qui se profile soudain comme notre pire ennemi. Les termes réducteurs que nous employons à son égard ne font que compromettre la possibilité d’un accord à l’amiable.
Dans cette approche empathique, il est essentiel de reconnaître ses propres erreurs et de transmettre à son ex-conjoint l’idée que l’on est toujours un partenaire et non un ennemi.
La meilleure manière de le réaliser est bien évidemment de ne pas partager son ressentiment avec ses enfants, de ne pas leur faire comprendre, par notre attitude, que c’est la haine qui prévaut entre leurs parents. Il est essentiel de préserver la place de l’autre parent dans le cœur de ses enfants.