Le dilemme à résoudre est simple : une personne est sous l’influence négative d’une autre et l’observateur de cette emprise ne peut apparemment rien faire, tant que la personne manipulée ne s’en rend pas elle-même compte. Non seulement cette dernière n’est pas consciente du contrôle qui s’exerce contre elle, mais cette pression lui semble normale, voire dans de nombreux cas désirable.
« The greatest weapon anyone can use against us is our own mind. By preying upon the doubts and uncertainities that already lurk there. Are we true to ourselves or do we live to the expectations of others ? And if we are open and honest, can we ever truly be loved ? Can we find the courage to release our deepest secrets ? Or in the end are we all unknowable even to ourselves. »
- Emily Thorne -
Face à cette situation, différentes alternatives sont possibles. Soit cette personne sous influence n’a jamais rien connu d’autre, soit elle a oublié cette période dépourvue de pression coercitive, soit sa mémoire n’était pas encore formée, en raison de son jeune âge, ne lui permettant peut-être pas de synthétiser les prérequis de la communication non violente.
Le problème, c'est que maintenant, cette emprise de tous les instants est désormais vitale, car c’est à travers elle que cette personne fonctionne et donne un sens à sa vie.
Celui qui constate ce processus de dépendance mentale et psychologique de la victime envers la personne qui la conditionne semble totalement impuissant. Ce sentiment est d’autant plus fort que la situation préjudiciable continue de se dérouler sous les yeux des personnes averties et que les enfants victimes en subissent sans rien dire les conséquences. Les répercussions à long terme démentent, si besoin est, que la manipulation n’existe pas, comme le prétendent généralement les parents aliénants, et qu’il ne sert donc à rien de s’en préoccuper et de la traiter.
En réalité, il est très facile de manipuler quelqu’un. C’est même une des choses les plus aisées du monde lorsque cette personne est un enfant sans défense. C’est tellement simple que la personne qui manipule l’enfant dans ces situations ne nécessite aucun pouvoir particulier. Elle profite juste de la fragilité et de la crédulité de l’enfant qui, de plus, se trouve en permanence sous sa garde. L’autre parent est exclu. Il n’a pas la possibilité physique d’invalider ce comportement abusif.
Le contrôle existe avec ses conséquences néfastes parce que le parent manipulateur n’a plus aucune opposition valable. Il impose ses conditions de vie. Il demande sciemment l’alignement de son enfant. Son influence est aussi très clivante sur ses proches ou les intervenants externes. Ce n’est pas tout, il nie complètement son hostilité et son refus de collaborer avec l’autre parent, et, comble de l’ironie, il rend responsable l’autre parent de cette situation délétère. Son manque de transparence et sa volonté de semer la zizanie lui profitent directement et lui permettent de renforcer son emprise.
L’attitude du parent aliénant a un impact tellement négatif que ce parent doit nier l’évidence. C'est pourquoi il utilise le parent absent pour justifier ses propres comportements abusifs. Toute la relation de ce parent avec ses proches se limite donc à projeter ses propres conflits. Il s’agit d'une incapacité de reconnaître la vraie nature de ses agissements. Paradoxalement, plus ce parent dérape, plus il essaie de se convaincre que ce qu'il fait est pour le bien de son enfant.
Se poser la question de savoir comment il en est arrivé à ce stade de confusion est totalement contre-productif, si l'on ne fait pas l’effort de se mettre à la place de ce parent et de se dire qu’il s'agit d'une tactique de survie qu'il a mise au point pour ne pas souffrir encore plus.
Comprendre que ce parent a besoin de se valoriser et d'exister, même à travers une attitude négative, est le premier pas à faire afin de se démarquer de son attitude et de ne plus céder à la provocation.
Le changement de perception de la situation se focalise ensuite sur la transformation de quatre croyances irrationnelles, qu’il s’agit d’abord de relativiser et ensuite d’abandonner.
1. Le parent aliénant va changer, il va revenir à la raison.
Cette croyance est probablement la plus partagée par les parents exclus et au final la plus invalidante. En effet, au bout du compte, si chacun conserve ses fausses croyances, il n’y aura aucun changement qui s’effectue de la part de qui que ce soit. Le parent mis sur la touche doit se ressaisir et comprendre qu’il est en réalité le seul à pouvoir changer d’attitude afin de diminuer, voire d’annuler, les effets de l’aliénation. Il doit le faire le plus tôt possible, car plus le temps passe, plus la situation s’enracine et moins il sera possible de changer le cours des choses.
2. L’enfant reviendra à la raison avec du temps et de la patience, au pire quand il sera adulte.
La passivité du parent exclu favorise un attentisme durable qui se révèle illusoire et souvent nocif.
Il faut d’abord être lucide et réaliser que l’enfant est vraiment en danger, même si personne ne semble en avoir conscience. Si le parent écarté n’établit pas une stratégie claire, l’étau ne va pas se desserrer, le parent aliénant ne va pas modifier son comportement et l’enfant aura toujours des problèmes tant qu’il sera avec le parent aliénant. Sans oublier que les séquelles de l'aliénation seront probablement importantes à l'état adulte. Une fois acquis, les automatismes aliénants s’incrustent et deviennent de vrais réflexes que l’enfant utilise massivement. Tout ceci, il convient de le contrer préventivement.
3. L’aliénateur est trop puissant, il a des appuis, il contrôle tout, il est vain de lutter contre lui.
Cela démontre que cette relation est vécue comme un bras de fer où la force brute domine sur l’intelligence. Ce diagnostic est cependant complètement erroné.
Le parent aliénant est en réalité un faible et un lâche. Son mode opératoire est parfaitement déchiffrable. Le moindre de ses gestes obéit à un script facilement analysable. Il n'y a là aucun mystère. Il n'a aucun pouvoir spécial, à part celui de profiter de l'empathie déplacée de ceux qui lui accordent leur confiance.
4. Il n’y a aucune possibilité de faire comprendre à l’enfant qu'il est abusé tant que l'on est dépourvu de contact avec lui.
Il est possible de s’appuyer sur des vérités éternelles pour toucher le cœur d’un enfant et le préserver d'une mauvaise influence. L’enfant aliéné n’est absolument pas impuissant. Quand il a toutes les cartes en main pour prendre conscience du caractère nuisible de l'aliénation, il est généralement en mesure de retourner la situation à son avantage.
Afin de favoriser cette issue heureuse, il convient d’élaborer une stratégie assez souple qui lui permette de saisir tous les tenants et aboutissants de la situation. Et, ceci n'est possible qu'en respectant son libre arbitre afin qu'il puisse retirer le complet mérite de sa propre libération.