„ Il n’a aucun scrupule car il nie la souffrance de l’enfant par absence d’empathie (déni, clivage) persuadé que les raisons qu’il invoque sont légitimes. Il n’éprouve aucune honte ou sentiment de culpabilité vis-à-vis du parent cible comme vis-à-vis de l’enfant. Il ne réalise pas qu’il prive l’enfant de ses droits fondamentaux ; ni qu’il l’entraîne de manière hasardeuse sur un chemin pathologique hautement destructeur. Encore moins qu’il est acteur d’une maltraitance psychologique car de son point de vue, il affirme au contraire, avoir un rôle protecteur. “
- Anne France Vachon - Sibille -
Pour certains parents en rupture, il ne s’agit pas seulement de se séparer de leur conjoint, mais bien de l’exclure totalement de la triade familiale. Un rejet qui englobe toute la parenté et les amis du parent stigmatisé. Bien que la volonté de mettre sur la touche un parent, de telle manière qu’il n’ait plus aucun contact significatif avec ses enfants, obéit à différentes motivations, la mise en place et la durée de ce processus d’exclusion traduisent généralement une décision consciente, et non une erreur d’appréciation, imputable à une ignorance des devoirs parentaux.
Aliénation parentale
L’aliénation parentale doit être considérée, d’un point de vue juridique, comme la conséquence du désir de se défaire d’un parent qui, dans l’esprit de celui qui tente de l’exclure, n’a plus aucune raison d’exister. La première phase de l’exclusion parentale est la mise à l’écart du parent cible. Lorsque le lien avec l’autre parent est finalement rompu, le conditionnement de l’enfant peut se réaliser sans opposition.
Il est important de souligner que l’absence d’empathie de ce parent, envers ses propres enfants, est particulièrement perceptible dans la phase d’isolement, où l’enfant souffre d’avoir été séparé brutalement d’un parent aimé.
Rapt parental
La séparation est souvent traumatisante lorsqu’elle survient après un rapt parental. Le parent abusif fait passer ses intérêts à court terme avant le bien-être de ses enfants et du parent abandonné. L’éjection du parent cible, intervenant de fait après l’enlèvement parental, le travail de sape effectué sur l’enfant, afin qu’il s’aligne sur la position du parent excluant, démarre immédiatement. Les spécialistes comparent ce processus à un lavage de cerveau, semblable à celui exercé par des kidnappeurs conventionnels lors d’une prise d’otages. L’emprise sur l’enfant s’apparente à de la maltraitance psychologique, d’autant plus pernicieuse, que l’enfant n’a pas les moyens de s’y opposer. Par le fait que l’enfant se trouve naturellement dépendant du parent qui lui fait subir ce traitement, ce conditionnement s’exerce fréquemment en toute impunité, sur une longue durée.
En s’alignant sur la position du parent aliénant, la souffrance de l’enfant est intériorisée. Elle provoque un clivage de sa personnalité conditionnant ses réflexes comportementaux quotidiens. Ce mécanisme de défense est le seul que l'enfant est en mesure de trouver pour faire face à l'intense conflit produit par l'aliénation. Il en va ni plus ni moins de sa survie, mentale et physique.
Fausses déclarations
L’arme maîtresse de ces parents abusifs est l’utilisation de la calomnie dans les procédures aux affaires familiales. Les fausses déclarations justifient ainsi la non-représentation de l’enfant et l’éloignement géographique imposé au parent exclu. Les conséquences pour le parent écarté sont dévastatrices, puisqu’elles le discréditent totalement, non seulement aux yeux de la justice et de la collectivité, mais envers ses propres enfants. Le parent pervers emploie toute une panoplie d’accusations infondées, en fonction de la dangerosité présumée du parent écarté, qui représente une menace d’autant plus grande, que sa volonté de poursuivre un rapport avec ses enfants est manifeste. C’est la raison pour laquelle, il est fondamental, pour le parent manipulateur, de parvenir à convaincre ses propres enfants de prendre parti en sa faveur.
Le parent stigmatisé se retrouve seul à lutter pour la reconnaissance de ses droits, et comble de l’ironie aussi de ceux de ses enfants, bien qu’ils ne soient pas conscients du drame qui se joue et qu’ils ne veulent plus entendre parler de lui.
Reconnaissance publique et sanctions
Sans reconnaissance publique du processus de l’exclusion parentale ainsi que de ses conséquences nuisibles sur les enfants, les parents exclus de leur vie n’obtiennent pas le soutien nécessaire à la résolution de ces graves situations de maltraitance.
La détection des méthodes manipulatrices des parents abusifs est cependant possible avec un peu d’entraînement. Les dépositions mensongères, dont certaines sont faites sous serment, doivent être passées au peigne fin par des experts, capables de mettre en évidence les fausses accusations afin de sanctionner leurs auteurs.
L’unique manière de mettre hors de danger les enfants des conséquences de l’exclusion parentale est d’empêcher leurs parents abusifs de leur nuire, en leur retirant tout droit de garde exclusive de leurs enfants, et en limitant leur présence auprès de ces enfants, aussi longtemps que leur attitude ne change pas.
Il est n’est pas si difficile d’identifier un parent favorisant l’exclusion parentale. Ce genre de parent tient toujours le même discours réducteur à propos de l’autre parent. Il ne reconnaît à l’autre parent aucun mérite, et le temps qui s’écoule ne fait aucune différence. Lorsque l’on évoque avec lui le manque de contact qu’entretient le parent cible avec ses enfants, il rétorque, en dépit du bon sens, que c’est l’autre parent qui refuse de voir ses enfants, ou que les enfants sont lassés des attitudes de ce parent, en avançant des prétextes frivoles n’ayant aucun rapport avec la situation actuelle et surtout ne justifiant pas l’exclusion.
Quoi que fasse le parent écarté, il n’obtient jamais grâce aux yeux du parent aliénant et de ses enfants. Bien que le parent cible n’a plus aucun pouvoir décisionnel et aucun moyen d’intervenir directement dans la vie de ses enfants, tout ce qui se passe de négatif dans leur vie est entièrement de sa faute. On lui reproche aussi bien sa présence quand il faisait partie de la famille, que son absence après qu’il en ait été éjecté. Ce discours haineux, absurde et buté est tenu systématiquement devant les témoins par le parent aliénant, rendant toute résolution du conflit illusoire. Pour le parent exclu, c’est sans doute l’aspect le plus frustrant de la situation. Il a beau varier son approche, se remettre en question et prendre tout sur lui, rien n’y fait.
Le comportement du parent excluant est, de son point de vue, parfaitement légitime. Il se pose en unique défenseur des droits fondamentaux de ses enfants. Tout en faisant preuve d’un manque d’empathie flagrant envers les besoins affectifs de son enfant, il ne se gêne pas d’affirmer à son entourage à quel point son rôle est protecteur. Il considère, selon sa logique égocentrique, que l’enfant ne peut pas aimer un parent que lui-même déteste, très souvent sans aucune raison valable ! Les troubles de la personnalité sont fréquemment rencontrés parmi ces parents tyranniques, qui de toute manière sont bien déterminés à ne pas se plier aux recommandations, émises par le code civil consacré au droit de la famille.
Afin de justifier l’aliénation parentale, le parent excluant n’hésite pas à mettre en avant « les intérêts vitaux » de ses enfants, encouragé en ceci par son entourage et ses défenseurs.
Avant de devenir un parent exclu, le parent cible était pourtant couramment un conjoint honorable, qui inopinément n’est pas parvenu à satisfaire les attentes de son partenaire. Lorsque l’on s’applique à comprendre le revirement étonnant adopté par ces parents abusifs, il est utile de se pencher sur leurs problèmes personnels qui sont généralement présents bien avant de fonder une famille. Cette nouvelle situation dans leur vie ne fait qu’exacerber leurs problèmes. En observant la constellation familiale de ces parents abusifs, on constate un mode de fonctionnement axé sur l’évacuation des conflits sur des boucs émissaires. L’absence de dialogue et la projection des problèmes sur les autres rendent toute tentative de résolution illusoire.
Dans leurs nouvelles relations, ces parents se profilent comme des victimes de leurs conjoints précédents. Dans leurs interactions présentes, ils se considèrent progressivement comme les victimes de leurs conjoints actuels. Après la rupture, le cycle a tout lieu de se reproduire avec quelqu’un d’autre. En remontant le cours de leur histoire personnelle et familiale, on retrouve ainsi sans peine de nombreux événements mettant en évidence leur compulsion de répétition.
Il est essentiel de comprendre que cette position de victime joue un rôle socialisant, leur permettant de nouer des contacts et de combattre un sentiment d’infériorité et d’abandon. D’ailleurs, ils espèrent par ce procédé obtenir l’affection de leurs propres enfants, renversant ainsi les rôles éducatifs. Ce sont en effet eux qui ont le plus besoin de leurs enfants, et non le contraire !
La soif de reconnaissance et le besoin d’affection sont les moteurs qui conduisent ces parents à adopter des tactiques aliénantes. Ils s’accrochent désespérément à leurs enfants, car sans eux, ils n’existent tout simplement pas dans le regard des autres. On imagine, alors volontiers, que ces parents abusifs sont capables de commettre l’irréparable, s’ils doivent partager leurs enfants avec l’autre parent ou, pire encore, lorsqu’ils se trouvent écartés de leur progéniture par des mesures légales.
D’une certaine manière, ces parents prennent en otage leurs enfants et les institutions pour essayer de régler leurs conflits personnels.
Solutions
1. Sensibilisation
La sensibilisation au problème de l’exclusion parentale est nécessaire afin d’enrayer le développement de familles dysfonctionnelles où des enfants sont livrés à eux-mêmes, avec tous les risques de dérive que cela comporte. Cette sensibilisation doit concerner, en premier lieu, les protagonistes principaux. C’est-à-dire les parents et aussi les grands-parents, qui jouent parfois un rôle catalyseur non négligeable, dans l’amorce et l’entretien de l’exclusion. Par ailleurs, les intervenants de toutes sortes doivent également être sensibilisés à la problématique de l’exclusion parentale. Les juges aux affaires familiales, les assistants sociaux, les avocats, les psychologues, les médiateurs, toutes ces personnes doivent acquérir une compréhension du processus de l’exclusion parentale et de ses effets sur les enfants et plus globalement sur la collectivité.
Finalement, les enfants devraient être informés des effets nuisibles de l’exclusion en général, dans leur scolarité même, en abordant des thèmes comme le sexisme, la stigmatisation, le racisme ou la xénophobie. La sensibilisation à ces problèmes devrait englober la compréhension de l’ostracisme et de certains schémas relationnels exclusivement fondés sur l’amour conditionnel (de type bâton et carotte), pratiqués non seulement dans les mouvements sectaires, mais aussi dans de nombreuses familles, privilégiant une éducation basée sur la compétition et la performance, développant ainsi un certain cynisme pour les plus faibles, favorisant indirectement les phénomènes d’exclusion.
2. Détection de l’exclusion
Une approche scientifique, purement factuelle, doit être privilégiée lors de l’examen des témoignages. Pour ce faire, il est essentiel de développer un certain sens critique, afin d’effectuer une analyse objective des dépositions. Les psychologues et autres psychiatres ne devraient pas se contenter de développer des concepts généraux, établis sur des observations subjectives, mais vérifier au préalable les faits qui se rapportent à chaque cas. D’un point de vue déontologique et dans l’intérêt des enfants, qui sont les principales victimes de l’exclusion parentale, les intervenants devraient faire part de leurs doutes et préoccupations lorsque leurs clients se livrent à des manœuvres aliénantes sans raison valable.
3. Médiation et négociation
Des approches visant la non-confrontation directe doivent être privilégiées. Il est plus facile d’identifier les besoins de chacun et d’y répondre, lorsque la discussion est réalisée dans un but constructif. Des accords doivent être passés entre les parties, afin de favoriser les parents respectant une approche non conflictuelle.
4. Soutien divers
Les parents, ou autres protagonistes, induisant l’exclusion et souffrant de troubles de la personnalité, devraient bénéficier d’une aide thérapeutique leur permettant de corriger leur comportement. L’approche curative devrait promouvoir l’adoption de nouveaux réflexes axés sur le dialogue et la négociation. Les enfants victimes d’aliénation parentale devraient être pris en charge par des thérapeutes qualifiés, leur permettant de mettre le doigt sur la problématique de l’exclusion et de ses effets.
Les plaintes justifiées des parents rejetés devraient conduite à prendre des dispositions afin d’enrayer le processus d’exclusion avant qu’il ne devienne irréversible.
Conclusion
Il s’agit de rétablir le droit fondamental des enfants, à pouvoir jouir de la présence de leurs deux parents, gravement compromis dans les cas d’exclusion parentale.
Peut-on continuer à sacrifier des générations entières d’enfants manipulés par des parents abusifs, sous le prétexte du respect de la vie privée de ces derniers ?
L’exclusion parentale est un grave problème de société, qui se pose à une époque où de plus en plus d’enfants, élevés sans repère, alimentent la chronique des faits divers tragiques.