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Vous n'avez plus vingt ans. Vous n'avez jamais volé, violé, ni tué personne. Vous n'êtes pas un alcoolique, ni un drogué. Vous n'êtes pas considéré comme un déficient mental et vous ne vivez pas aux crochets de vos parents. 

Pourtant, vous êtes subitement confronté à une situation très perturbante. Votre ex-conjoint, sa garde rapprochée et surtout vos propres enfants, vous considèrent comme un monstre.
Sans compter quelques intervenants du système juridique et médico-social qui ont pris fait et cause contre vous.

Vous devez vous accrocher et vous pincer pour réaliser que cela n'est pas un cauchemar. Il n'en faudrait pas plus, pour déstabiliser quelqu'un qui n'a pas la tête solidement rivée sur ses épaules.

„Ne pas se laisser imprégner par les calomnies, ni se laisser meurtrir par les accusations, c'est la lucidité d'un homme qui voit loin.“

- Confucius -

Paradoxalement, vous tenez entre vos mains la solution unique à tous vos problèmes. La lucidité, que vous devez désormais polir comme le plus précieux des joyaux, afin de vous sortir d'une situation particulièrement destructrice. 

Avant d'en arriver à cette impasse, vous n'étiez probablement pas l'être le plus rationnel, ni le plus parfait qui soit. Cependant, vous aimeriez bien savoir de quel crime on vous accuse. C'est le moment d'examiner, avec toute la rigueur d'un esprit scientifique, ce qui a péché dans votre démarche. Si vous avez l'impression que ce travail d'autocritique ne fait que remuer le couteau dans la plaie, n'y renoncez surtout pas, car c'est uniquement à ce prix, que la compréhension remplacera l'état de confusion, dans lequel vous avez toutes les raisons de vous trouver actuellement. 

Il n'est jamais trop tard pour commencer à bien réfléchir. Ne soyez pas indulgent envers vous-même. N'ayez pas peur de mettre en évidence vos erreurs, afin de bien comprendre le déroulement des événements. Cette démarche vous évitera de nourrir de vains espoirs, et vous procurera, en tout temps, la certitude de pouvoir compter sur vos facultés intellectuelles. 

Si vous n'êtes pas le monstre que l'on décrit, vous serez dans un premier temps contraint de vous rendre à l'évidence : les défauts que vous possédez, et les maladresses dont vous avez fait preuve à l'encontre de votre ex-conjoint, ne justifient en aucun cas le traitement qu’il vous fait subir. Et, encore moins à vos enfants ! Parce que les priver d’une mère ou d’un père, sans raison justifiable, n’est pas une décision à prendre à la légère. Pour en arriver à exécuter de tels projets, vous devez avoir des solides arguments, qui reposent sur des motifs difficilement contestables.

Vous arrivez ainsi à un tournant de votre investigation. Si aucun de vos travers ne mérite la sanction dont vous êtes victime, quelle est alors la raison obscure qui est la cause de votre exclusion ? 
Obligatoirement, cette raison est amplement suffisante aux yeux de votre ex-conjoint. À ce stade de votre enquête, il est fort probable que vous vous perdiez en conjectures. D'ailleurs, le caractère futile des reproches émis par la garde rapprochée du parent aliénant saute immédiatement aux yeux.
« Vous ne l’emmeniez pas assez au restaurant ! » 
« Vous n’aviez même pas un fauteuil convenable pour recevoir vos beaux-parents ! » 
Aucun de ces prétextes ne parvient à expliquer la sanction que vous et vos enfants subissez. Il est important de préciser que si les accusations sont souvent futiles au début, elles s’aggravent avec le temps, malgré le fait que vous n'avez plus de contact avec les personnes qui vous accusent !

En vous remémorant certains événements de votre vie de couple, il y a finalement un déclic qui se produit.

L'unique crime dont vous êtes l'auteur est votre joie de vivre et votre optimisme. Votre délit est d'avoir provoqué la jalousie de votre conjoint, lorsqu’il constatait à quel point les enfants étaient heureux en votre présence. Il ne vous serait jamais venu à l'esprit, que votre conjoint puisse se sentir exclu du bonheur, que vos enfants et vous-même ressentiez. 
Pourtant, c'est le cas, chacune de vos expressions de joie était reçue avec une désapprobation et une indignation qu'il n'osait pas à ce moment-là rendre publiques. 

Des petits détails, que vous jugiez sans importance, vous reviennent progressivement à l'esprit. 
Lorsque vous étiez gai avec vos enfants et que ceux-ci riaient, votre conjoint était triste. 
Lorsque vos enfants étaient turbulents et criaient, comme les enfants savent heureusement si bien le faire, votre conjoint était ulcéré. 
Vous vous souvenez même qu'il n'avait pas hésité en une pareille circonstance à gifler votre fille, qui avait pourtant à peine une année. Vous étiez évidemment choqué par un tel comportement, mais vous pensiez à cet instant que vos méthodes éducatives étaient peut-être trop permissives. 
En réalité, vous ne faisiez que reproduire les attitudes de vos propres parents, dont vous avez toujours apprécié l'amour inconditionnel. Un dialogue entre votre conjoint et sa mère, au sujet de votre fille, vous revient en mémoire : « cette petite est trop viciée, il va falloir la dresser. »

Aujourd'hui, ces paroles vous font l'effet de signaux prémonitoires, que vous n'aviez bien entendu pas considérés à leur juste valeur. Parce qu'à l'époque, vous teniez pour acquis que les problèmes que votre conjoint avait rencontrés avec sa propre famille, dont il n'avait cessé de se plaindre, le tiendraient éloigné de leur influence. En poussant plus loin votre raisonnement, vous constatez que ses incessantes sautes d’humeur, sa mine renfrognée et son air constamment dépité, vous ont fait perdre une partie de votre joie de vivre. Le bien le plus précieux qui soit, qui vous avait accompagné dans l'existence jusqu'alors. 

En vous remémorant les circonstances de cette rencontre fatale, vous constatez que le ver était déjà dans le fruit. 

Comment pouvez-vous avoir été aussi stupide ? 

Votre inexpérience. Votre naïveté. Votre présomption aussi. Votre orgueil. Et, inopinément aussi, vos complexes d'infériorité, qui vous ont conduit à courtiser quelqu’un d’étonnamment disponible. L’occasion fait le larron ! 
Après avoir découvert vos défauts de raisonnements, qui ont conditionné dans une grande mesure votre perception de la réalité, vous pouvez désormais vous atteler à la tâche d'étudier tous les rouages de l'aliénation parentale, et notamment, de la participation volontaire ou involontaire des autres protagonistes concernés.
Le comportement de ces personnes obéit à des mécanismes bien précis, qu'il vous sera facile de mettre en lumière. Votre approche vous conduira logiquement à vouloir sortir de la mêlée, sans que vous perdiez pour autant votre influence constructive. Bien au contraire, fidèle à votre philosophie de non-escalade, vous parviendrez à renforcer votre rayonnement. Alors que vous aviez l'impression que tout le monde se liguait contre vous, vous découvrez, en vous défaisant de relations viciées à la base, que des personnes sensées existent et que leur fréquentation vous procure une satisfaction inégalée. 

Cela ne signifie bien sûr pas que la situation qui vous préoccupe, c'est-à-dire celle de vos enfants embarqués contre leur gré dans une chasse aux sorcières moyenâgeuse, se résoudra d’elle-même. Sans doute devrez-vous d’abord cultiver votre patience. Ce qui sera d'autant plus simple à réaliser que votre objectif n'est plus de changer les autres. Vous ne pouvez qu'être désolé pour eux. Bien entendu, vous vous efforcerez, dès que l'occasion se présente, de réitérer votre soutien à vos enfants, sans jamais vous abaisser à salir votre ex-conjoint. 

Et les enfants dans tout cela ?
Comme un phare sur une mer agitée, vous avez l'opportunité de représenter pour eux une vision d'espoir, ou au contraire de susciter la réprobation et le dégoût. Ce qui aura tout lieu de se produire, si vous sombrez dans le brouillard et les ténèbres, dans lesquels vous conduira inexorablement la logique d'un parent aliénant.