Témoignages

L’idée que l’attaque est la meilleure des défenses est encore fort répandue auprès des couples en rupture.
Il est toujours regrettable de constater la rationalisation guerrière que certains intervenants emploient pour justifier la confrontation directe entre les protagonistes d’une situation de divorce.

Les propos entre guillemets sont ceux d’un prétendu spécialiste dans ces affaires très polarisées.

« La différence entre une séparation normale avec une personne normale et celle d’avec un prédateur est que dans le second cas la nuisance est sans fin. Et cela change tout. » Un coach en relations humaines

Qu’est-ce qu’une séparation normale ?

Aucune définition n’est suggérée pour la simple et bonne raison que chaque situation est différente, et qu’il est essentiel d’en saisir les particularités avant de se prononcer. Par conséquent, il n’y a pas vraiment de séparation normale.

Le terme réducteur « un prédateur » illustre bien l’absence de perspective du coach qui, d’entrée, impose une vision manichéenne de la réalité.

Comment négocier avec un prédateur ?

C’est bien sûr impossible. Imaginez un seul instant une bête enragée lancée à vos trousses.

Quels sont les moyens de faire face à un prédateur ?

Le problème se trouve déjà dans l’énoncé. Cette fâcheuse tendance à voir une situation avec des œillères est sans doute le plus grand empêchement à toute forme de résolution.

„ Nous sommes tous
Du même cortège
Séparés par l’écorce
Soumis aux mêmes pièges
Reliés par le destin.“

- Andrée Chedid -

En réalité, ce conseiller parle d’une personne qui est le père ou la mère de ses enfants, et qui n’est donc pas qu’un prédateur.

« Et cela change tout. »

Cela change effectivement tout de penser qu’une personne avec laquelle nous avons eu une relation sentimentale, et de plus fondé une famille, ne puisse être qu’un prédateur, un pervers ou une manipulatrice.

« Chaque seconde entre les étapes judiciaires est une seconde de gagnée pour le prédateur. Pendant qu’on se consacre à éteindre l’incendie 1, le prédateur allume les incendies 2 et 3. Alors je confirme combien il est fondamental que de combiner et de coordonner les actions. »

Grosso modo, ce que ce spécialiste affirme, c’est qu’il ne faut pas perdre une seconde, et imposer des mesures plus drastiques que celles du prédateur. C’est-à-dire lui mettre la pression, comme la suite des dispositions prévues par le coach l’illustrent.

L’erreur fondamentale est de jouer sur le même terrain que son "adversaire", en utilisant des armes similaires. Ce qui est un non-sens, et surtout une signe de faiblesse. Il faut au contraire imposer sa propre logique avec ses propres moyens.

« Défendre les intérêts d’une victime de violences dépasse le cadre du Droit et est un choix fondateur qui dépasse une simple lecture chronologique des faits et qui induit – symboliquement – une présence de tous les instants, une réactivité 24/24. » 

La précipitation n’est jamais une bonne solution, au contraire c’est le plus sûr moyen de se retrouver dans une situation ingérable.
 
« Personne ne conteste le besoin d’une victime d’un accident, par exemple, d’être entouré d’une équipe complète avec des fonctions, des savoirs et des compétences différentes.
Et pourquoi alors serait-ce différent pour des victimes de violences psychologiques ? »

Le grand problème dans les cas de violence psychologique est d’abord de savoir qui en est l’auteur et qui en est la victime. Or si les protagonistes se comportent de manière identique, il devient tout simplement impossible d’établir cette différentiation.

« Le besoin est absolument le même, la victime a besoin d’être soutenue : associations, thérapeutes, professionnels de la santé, avocats, conseillers, coachs... »

La plupart des protagonistes de divorces à couteaux tirés se font passer pour des victimes, et celles qui ne le sont pas vraiment, peut être encore plus que les autres. Par conséquent, les associations, les thérapeutes, les professionnels de la santé, les avocats, les conseillers, les coachs défendent aussi bien les vraies victimes que les fausses, sans savoir d’ailleurs, dans la plupart des cas, faire la différence.

« Le raisonnement qui veut que seul un avocat peut tout régler est une hérésie : à l’heure de l’audience, le « mieux-être » de la victime sera fondamental autant que les actions menées qui auront empêché le prédateur de mener son petit plan à ses fins.
Et c’est sur ce fondement que se pose la stratégie : sur une parfaite interaction des professionnels qui ensemble pèsent les situations et vous soumettent des solutions. »

Notons d’abord que chacun de ces « professionnels » est libre de défendre qui bon lui semble, victime ou prédateur. D’ailleurs, il n’appartient pas à un intervenant, pour des raisons éthiques ou autres, de déterminer dans quel camp se situe son client, même s’il en a une vague idée. Par conséquent, chacun de ces professionnels se met au service de ses clients en appliquant les mêmes méthodes. Dans ces conditions, on ne voit pas comment il serait possible de punir le prédateur, sans même disposer des outils pour l’identifier. D’autre part, il ne faut pas écarter l’hypothèse que les protagonistes peuvent tous deux être des pervers manipulateurs.

Il est regrettable que le coach ne semble accorder aucune place à une autre approche comme la négociation ou la médiation. Ce qui permet au moins de mesurer la disponibilité de chacun.